Quand tout va trop vite, le corps se crispe. Il répond aux injonctions extérieures. Il perd sa capacité à ressentir sans but. Le retour à une relation lente, muette, discrète avec l’environnement est donc un acte de résistance. Une manière de reprendre le lien avec ce qui nous entoure de manière essentielle.
Cela passe souvent par des choses simples : une forme que l’on peut effleurer sans contrainte, un volume que l’on peut tenir sans effort, une matière qui n’appelle pas une réaction immédiate. Ces objets-là, discrets, non programmés, deviennent des partenaires d’ancrage. Pas parce qu’ils servent à quelque chose. Parce qu’ils soutiennent la possibilité d’un lien.
Le corps, dans ce cadre, n’est plus objet d’optimisation. Il devient sujet d’expérience. Il peut simplement être là, avec ce qu’il ressent, dans la lenteur, dans l’absence de but. Et cette expérience, aussi minimale soit-elle, a une valeur immense. Elle reconnecte. Elle apaise. Elle restaure une forme de souveraineté sensorielle.